Sur Le Bon Coin, les Tesla sont-elles vraiment en train d’envahir les pages des véhicules d’occasion ? A en croire certains commentaires relayés ces dernières semaines, on assiste à une véritable vague de désamour envers la marque d’Elon Musk. Mais comme souvent, la réalité mérite d’être nuancée. Non, les conducteurs de Tesla ne se débarrassent pas massivement de leur voiture électrique, et les chiffres le prouvent. Le point sur le sujet avec Univers Motors !
Une proportion d’annonces en trompe-l’œil
Avec plus de 3 000 annonces recensées sur Le Bon Coin, l’idée d’un rejet massif des Tesla semblait plausible. Mais ce chiffre, sorti de son contexte, ne signifie pas ce que certains voudraient faire croire. Il représente en réalité à peine 1,6 % du parc total de Tesla immatriculées en France, un taux parfaitement cohérent avec celui observé pour d’autres véhicules en circulation. Prenons la Model Y, par exemple. Bien que les annonces aient bondi de 50 % sur un mois, on n’en compte actuellement que 633 sur la plateforme. Cela correspond à 0,8 % des modèles présents sur le territoire. Autant dire qu’il s’agit là d’un chiffre anecdotique. Pour la Model 3, la proportion monte légèrement à 2 %, mais reste très loin d’un signal d’alarme.
Deux hypothèses se dessinent alors. Soit les propriétaires de Tesla préfèrent faire reprendre leur voiture par des professionnels plutôt que de la mettre en ligne, soit – et c’est peut-être encore plus révélateur – les voitures se revendent si vite qu’elles disparaissent des radars avant même d’alimenter les statistiques. Dans les deux cas, l’idée d’un désaveu généralisé s’effondre.
Une dynamique du marché qui évolue
Dans un communiqué, Olivier Flavier, directeur de la branche automobile de Le Bon Coin, tempère lui aussi les lectures alarmistes. Il confirme une hausse de 30 % des annonces par rapport au semestre précédent, mais relativise cette donnée par une autre : la marque Tesla reste très regardée. Certes, les vues ont légèrement baissé (de 40 % à 37 % des recherches dans la catégorie électrique), mais cette attractivité reste forte, soutenue notamment par des efforts tarifaires conséquents de la part des concessionnaires.
Il faut aussi garder à l’esprit que l’attentisme actuel chez Tesla est lié à des éléments conjoncturels : restylage imminent de la Model Y, baisse volontaire des immatriculations du Cybertruck, concurrence accrue de la part des constructeurs chinois – Xiaomi en tête avec sa SU7 qui devance désormais la Model 3 en Chine. Rien, donc, qui ne témoigne d’un désamour structurel envers la marque, mais plutôt d’une phase de transition stratégique.
Quand une autre électrique vole la vedette… en mal
Si une voiture électrique donne réellement des signes de saturation sur le marché de l’occasion, ce n’est pas une Tesla. C’est la Porsche Taycan. Avec 13,5 % de son parc roulant actuellement en vente sur Le Bon Coin (soit 380 annonces pour 2 812 immatriculations), la berline allemande connaît un revers bien plus significatif. La raison ? Un phénomène classique de retours massifs de leasing, souvent difficiles à replacer à cause de valeurs résiduelles mal estimées, d’une autonomie perfectible, et d’un positionnement haut de gamme moins en phase avec les attentes actuelles du marché. Résultat : des Taycan en pagaille, et des acheteurs qui ne se bousculent pas.
Un marché de l’occasion à deux vitesses
Toutes les voitures électriques ne jouent donc pas à armes égales. Certaines, comme la Renault Mégane E-Tech, trouvent preneur très rapidement. C’est aussi le cas de la Tesla Model 3, qui reste l’une des stars du marché de l’occasion. D’autres, comme l’Opel Corsa-e, la DS 3 E-Tense ou l’Audi e-tron, peinent à séduire malgré des prestations solides. Question d’image ? Peut-être. Mais aussi, très souvent, rapport prix/prestations et autonomie qui ne convainc pas pleinement.