Quel rôle pourrait avoir les collectivités dans l’accélération du virage vers la mobilité électrique ? En peu de mots : un rôle clé ! Véritables pionnières de la révolution électrique, les collectivités locales sont, tous azimuts, en train d’électrifier leurs propres flottes de véhicules, montrant ainsi l’exemple et ouvrant la voie vers un avenir du tout électrique. En parallèle, elles dynamisent cette mutation en multipliant les points de recharge accessibles au public et en proposant des incitations séduisantes pour encourager les citoyens à adopter l’électrique. Décryptage !

Les collectivités embrassent l’électrique

Communauté de communes des Trois Provinces, mairie de Viriat, véhicule électrique communal de Sainte Marie aux Chênes, voiture électrique pour la police municipale de La Chapelle-de-Guinchay… Si les collectivités locales sont de plus en plus nombreuses à adopter la mobilité électrique, ce n’est pas que pour moderniser leurs flottes… En effet, ce faisant, elles s’engagent activement dans la lutte pour un air plus pur, une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre et une diminution de la population sonore. Ce virage vers l’électrique s’inscrit aussi, plus globalement, dans une démarche visant à promouvoir des alternatives de transport durable, notamment l’autopartage de véhicules électriques et permet, en même temps de réduire les coûts de fonctionnement (maintenance, consommation…).

Il est utile ici de rappeler que cette transition est d’abord encouragée par des obligations légales, poussant les collectivités à intégrer des véhicules à faibles émissions dans leurs flottes. Par la suite, elles jouent un rôle clé en installant des infrastructures de recharge publiques, accessibles autant aux particuliers qu’aux professionnels. En outre, elles incitent également à l’équipement de bornes de recharge dans les parkings privés et proposent des avantages attractifs pour l’utilisation de véhicules électriques, au premier rang desquels la gratuité du stationnement ou l’accès à des voies réservées.

Virage électrique des flottes publiques

La course contre la monte environnementale est lancée ! En cause : la transition vers l’électrique s’impose de plus en plus comme une priorité pour les flottes publiques. Pour rappel, la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 avait fixé des objectifs ambitieux, à savoir 50 % de véhicules à faibles émissions pour l’Etat et ses établissements publics lors du renouvellement partiel de leurs flottes. Cela dit, en 2018, seulement un quart des véhicules acquis étaient électriques ou hybrides, laissant un parc dominé à 92 % par les modèles thermiques. Face à ce constat, l’urgence de verdir les flottes publiques s’impose comme une quasi évidence… et les entreprises comme Infocom France voient leurs carnets de commandes se remplir.

La Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) a donc renforcé ces objectifs de renouvellement. Désormais, pour les flottes de plus de 20 véhicules de moins de 3,5 tonnes, les pourcentages de véhicules à faibles émissions exigés lors du renouvellement sont les suivants :

  • 50 % pour l’Etat et ses établissements publics ;
  • 20 % jusqu’au 30 juin 2021, puis 30 % à partir du 1er juillet 2021 pour les collectivités territoriales, leurs groupements et les entreprises nationales.

Notez que ces impératifs de transition écologique concernent aussi les véhicules de plus grande taille.

Renouvellement des flottes publiques, au-delà des obligations

Plus qu’une obligation légale pour les flottes publiques, opter pour des véhicules à faibles émissions, c’est avant tout un acte fort d’exemplarité et d’engagement dans la transition écologique. En effet, en choisissant l’électrique, les collectivités montrent la voie, prouvant aux citoyens que ces véhicules peuvent s’intégrer aisément dans notre quotidien et contribuer à la lutte contre la pollution de l’air. Pour autant, le passage à l’électrique n’est pas qu’une question d’image, en cela qu’il exige une réflexion stratégique sur l’utilisation réelle des véhicules.

Concrètement, un changement réussi vers l’électrique implique une analyse approfondie des besoins et usages, le but étant de choisir le type de véhicule le plus adapté et présentant le plus d’avantages. Sur le long terme, les voitures électriques présentent des avantages économiques indéniables pour les gestionnaires de flottes : un coût de carburant significativement inférieur à celui des modèles thermiques et des besoins d’entretien réduits. Certes, le coût initial est généralement plus élevé, mais il est souvent compensé par des aides à l’achat, participant à la rentabilisation de l’investissement sur la durée. Justement, parlons de ces aides…

Véhicules à faibles émissions : quelles aides pour les collectivités ?

Le bonus écologique est un bel exemple des aides financières substantielles mises à disposition des collectivités territoriales pour les encourager à passer à la mobilité électrique. Actuellement fixé à 5 000 euros pour les entreprises et les collectivités, ce bonus a connu une légère baisse le 1er juillet 2021, s’établissant alors à 4 000 euros. Mais ce n’est pas tout : les collectivités peuvent également bénéficier d’un coup de pouce supplémentaire grâce à une fiche d’opération standardisée CEE (Certificats d’Economie d’Energie). Ce dispositif permet de récupérer plusieurs centaines d’euros supplémentaires lors de l’acquisition de véhicules électriques, à condition de mettre au rebut un ancien modèle plus polluant.

Le défi de l’installation des bornes de recharge

Pour les communes, le développement des infrastructures de recharge pour véhicules électriques est un véritable enjeu. Certes, elles détiennent la compétence pour créer, gérer et entretenir ces bornes dans le cadre d’un service public dédié, mais cette responsabilité peut s’étendre au-delà des frontières municipales. En effet, cette compétence peut être transférée aux intercommunalités ou aux autorités organisatrices de la distribution d’électricité, comme les syndicats d’énergie. Ce transfert, qui doit être approuvé par une délibération des conseils municipaux des communes concernées, offre de multiples avantages. Il permet une gestion plus centralisée et efficace, facilitant ainsi le déploiement des bornes sur un territoire plus vaste. De plus, cette mutualisation permet de réduire significativement les coûts d’installation, de gestion et de maintenance de ces infrastructures essentielles à la mobilité électrique.

Développement stratégique d’un réseau de recharge électrique

Pour les collectivités, déployer un réseau de bornes de recharge électrique est un projet qui se doit d’être méticuleusement planifié. L’objectif ici est double : répondre aux besoins actuels et anticiper les futurs en matière de mobilité électrique. Pour cela, une étude préalable s’impose pour déterminer la pertinence et l’emplacement optimal de ces points de recharge, en adéquation avec le nombre de véhicules électriques en circulation et les projections d’augmentation de ce parc. A ce niveau, l’Union européenne recommande un ration d’un point de recharge pour 10 véhicules, une directive à prendre en compte pour assurer un maillage efficace.

Dans le détail, le déploiement de ce réseau comprend plusieurs étapes clés :

  • Tout d’abord, il faut valider les emplacements des bornes en collaboration avec le gestionnaire du réseau public d’électricité, afin d’optimiser leur localisation ;
  • Ensuite, il s’agit de définir le modèle juridique approprié et, si nécessaire, de transférer la compétence à l’entité adéquate ;
  • La sélection d’un ou plusieurs prestataires se fait via une consultation rigoureuse ;
  • Viennent ensuite les études d’exécution et la réalisation des travaux nécessaires, tant en génie civil qu’en génie électrique ;
  • Le raccordement des bornes au réseau de distribution d’électricité est une étape essentielle, tout comme l’obtention du certificat de conformité délivré par le CONSUEL ;
  • Enfin, la mise en service des bornes marque l’achèvement du projet.